Quand l'IA agentique rencontre l'ERP : l'avenir des portails métiers

Je dois l'avouer, quand j'entends parler d'IA agentique et d'agents intelligents intégrés dans un ERP, je tends toujours l'oreille. Dans mon métier de chef de projet, je passe beaucoup de temps à réfléchir à la façon dont un progiciel — ou logiciel de gestion — peut réellement simplifier la vie des équipes sans les enfermer dans une multitude d'écrans et de processus éclatés. Et c'est exactement ce que Cegid semble vouloir proposer avec sa vision « portail ».

L'idée est simple sur le papier : au lieu d'avoir dix applications séparées avec chacune son interface, son mot de passe et ses habitudes, on centralise tout dans une seule page, un point d'accès unique qui regroupe tous les « services » dont un collaborateur a besoin.

Je vous partage ma vision sur l'IA agentique et l'avenir des des portails métier au sein des ERP

Peu importe le nom ou la marque des logiciels qui tournent derrière : l'utilisateur ne voit qu'un espace clair et cohérent. Pour moi, qui ai souvent vu des entreprises se perdre dans la jungle des outils, c'est déjà un changement culturel majeur.

Dans le monde du SaaS, on ne vend plus seulement un logiciel figé. On vend un environnement vivant, avec des agents intelligents qui exécutent et qui apprennent. Si je prends l'exemple des ressources humaines, autrefois, un salarié qui voulait poser un congé remplissait un papier ou envoyait un e-mail à la RH. Celle-ci saisissait la demande dans son outil, vérifiait les droits restants, validait, puis informait le collaborateur. C'était une suite de micro-tâches manuelles, souvent répétitives.

Aujourd'hui avec ce type de portail, l'employé fait sa demande directement, l'IA agentique derrière orchestre les validations, consulte le SIRH, met à jour les soldes et confirme la réponse, le tout sans que la RH ait à jongler entre plusieurs écrans.

Ce que j'aime dans cette vision, c'est la logique d'une page unique configurable. Si vous êtes manager, votre portail regroupe vos demandes de télétravail, de congés, de notes de frais, mais aussi vos validations en attente. Derrière, plusieurs briques logicielles peuvent tourner : paie, gestion des talents, suivi des absences. Mais pour vous, c'est invisible. Vous restez dans la même interface. Et ce n'est pas qu'une question de confort : ça réduit aussi les erreurs, car tout est interconnecté et contextualisé.

L'autre point qui me frappe, c'est la capacité du portail à faire de la recherche intelligente dans la base documentaire de l'entreprise. J'ai souvent vu des DRH perdre un temps fou à répondre toujours aux mêmes questions : « Ai-je droit à combien de jours pour un mariage ? », « Quelles primes sont prévues à la naissance d'un enfant ? ». Avec des agents intelligents, l'employé pose sa question directement au portail et obtient la réponse immédiatement, sans mobiliser la RH. Ce n'est pas juste un gain de temps : c'est un changement de rapport entre les collaborateurs et les services internes.

Et cette logique ne s'arrête pas aux RH. En finance, le même type de portail peut transformer la manière dont on gère la trésorerie, le recouvrement, la TVA ou les prévisions budgétaires. Je me mets à la place d'un directeur financier qui interroge l'outil en langage naturel : « Fais-moi une prévision de trésorerie sur les trois prochains mois et propose-moi des solutions pour améliorer le cash disponible ». L'IA agentique, pilotant plusieurs modules de la solution ERP, va analyser les flux entrants, calculer les besoins, puis comparer différents scénarios : recours à l'affacturage avec un coût précis, ou relance directe des clients avec estimation du délai et de l'efficacité. Et elle va livrer un rapport clair, chiffres à l'appui, pour permettre au DAF de décider.

Je trouve que ce « chaînage » entre les différentes fonctions est l'un des aspects les plus prometteurs. On ne parle plus seulement d'automatiser une tâche isolée, mais de connecter plusieurs actions entre elles, avec du contexte et de l'intelligence métier. C'est là que la notion d'IA agentique prend tout son sens : on n'est pas juste face à un bot qui répond à une question, mais à un agent qui sait déclencher la bonne séquence d'actions dans les bons modules du progiciel.

En tant que chef de projet ERP, je suis attentif aux promesses de ce type de solution. Je sais que la réussite ne se joue pas seulement sur la technologie, mais aussi sur la capacité à l'intégrer dans les pratiques quotidiennes. Et il y a toujours le risque que l'outil, aussi puissant soit-il, devienne une usine à gaz si on ne l'accompagne pas avec une vraie stratégie de conduite du changement. Mais je reconnais que, dans ce cas, la philosophie « augmenter les équipes, pas les remplacer » me parle. Les agents intelligents ne se substituent pas à l'expertise humaine, ils la prolongent et la fluidifient.

Ce qui est intéressant, c'est que Cegid insiste sur le fait que cette double approche — portail et IA agentique — vient des demandes réelles de leurs clients. Ce n'est pas un gadget marketing, c'est la réponse à des besoins concrets exprimés sur le terrain. D'après ce que j'ai compris, ce « nouveau Cegid » ne sera pas disponible avant 2026. Ce délai me paraît réaliste : déployer une telle architecture, capable de s'interfacer avec différents progiciels et de faire travailler ensemble plusieurs agents intelligents, demande une base technique solide et une veille technologique IT constante sans quoi on passera à côté des innovations en cours côté intelligence artificialle.

D'ici là, je me dis que les entreprises ont tout intérêt à réfléchir dès maintenant à la manière dont elles pourraient structurer leurs processus autour d'un tel portail. Pour moi, c'est une évolution naturelle de l'ERP : moins d'écrans dispersés, plus de logique métier, et surtout la possibilité de dialoguer avec l'outil comme avec un collègue, en langage naturel. C'est probablement là que se joue la prochaine grande transformation du logiciel de gestion : faire en sorte que l'utilisateur n'ait plus à s'adapter à la machine, mais que ce soit l'inverse.

Si cette vision se concrétise, je crois que nous aurons franchi un vrai cap dans la manière d'utiliser un ERP. Et, pour une fois, ce ne sera pas juste une question de technologie, mais de la façon dont on redessine le travail au quotidien.

👉 ( ◍•㉦•◍ ) Michel Campillo consultant expert en solutions de gestion écrit et publie régulièrement depuis 2004 des articles sur son site web professionnel dédié aux outils d'entreprise et aux questions du numérique et des technologies. Comme tout blogueur il écrit aussi sur des sujets divers, voir le blog pour un aperçu des thèmes abordés.

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Pays de Provence, le 12 août 2025

Michel Campillo
Consultant chef de projet IT
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