Consultant chef de projet IT
Le consultant intervient sur toutes les activités du cycle de vie du progiciel
Depuis quelques années, un phénomène discret mais massif bouleverse les organisations, appelé le Shadow IT. Derrière ce terme, on retrouve l'ensemble des outils, applications et services numériques déployés par les métiers sans validation préalable de la DSI. Un outil collaboratif adopté sans concertation, une solution SaaS installée pour gérer un reporting, ou encore un abonnement cloud pris “temporairement” pour tester une idée, tout cela relève du Shadow IT.
Ce mouvement, souvent né d'une bonne intention – gagner en efficacité ou pallier une lenteur organisationnelle – s'est transformé en une véritable bombe à retardement pour la gouvernance et la sécurité des systèmes d'information.
Je vous partage ma réflexion sur le shadow IT, quand les métiers deviennent leurs propres DSI
En tant que consultant en gestion de projet IT, j'ai souvent observé cette tendance dans les entreprises de toutes tailles. Les directions métiers, pressées de répondre à leurs besoins opérationnels, prennent de plus en plus souvent l'initiative de s'équiper elles-mêmes. Dans certains cas, le service marketing déploie un outil d'automatisation de campagnes sans impliquer la DSI ; dans d'autres, la finance adopte un outil de gestion de notes de frais sans vérification de la conformité RGPD. Ce phénomène s'est accéléré avec la démocratisation du cloud et des logiciels SaaS, accessibles à tous en quelques clics et pour quelques euros par mois.
Le Shadow IT se nourrit avant tout d'un besoin d'agilité. Beaucoup de responsables métiers se plaignent – parfois à juste titre – de la lenteur des processus internes pour valider un nouveau logiciel. Entre la demande, l'étude, la contractualisation et l'intégration, plusieurs semaines, voire plusieurs mois peuvent s'écouler. Dans ce laps de temps, les besoins évoluent, les opportunités se perdent. Résultat : les métiers contournent la DSI pour avancer. Et c'est là que le danger commence.
Car chaque application non référencée dans le système d'information crée une brèche potentielle. Les données qu'elle manipule peuvent être hébergées à l'étranger, sans garantie de conformité. Les comptes utilisateurs peuvent être gérés sans politique de mot de passe ni double authentification. Les intégrations avec les autres systèmes sont bricolées via des fichiers Excel ou des connecteurs tiers. Bref, le Shadow IT introduit un risque cyber majeur – et invisible.
Prenons l'exemple d'un ERP expert déployé dans une entreprise industrielle : son architecture est pensée pour assurer la sécurité, la traçabilité et la cohérence des données de production. Si, en parallèle, un service métier connecte un petit outil SaaS pour suivre des stocks spécifiques, sans validation DSI, il crée un pont entre deux mondes : celui du SI maîtrisé et celui du cloud non contrôlé. En cas d'attaque, cette connexion non documentée peut devenir une porte d'entrée.
Mais les risques ne sont pas uniquement techniques. Le Shadow IT fragilise aussi la gouvernance et la cohérence des processus. Lorsque chaque service choisit ses propres outils, la logique d'ensemble se perd. Les données sont dupliquées, les workflows divergent, et les reportings deviennent impossibles à consolider. L'entreprise se retrouve avec une mosaïque d'applications qui ne communiquent pas entre elles. Le coût global de maintenance, lui, explose : chaque licence additionnelle, chaque abonnement oublié pèse sur les budgets sans véritable pilotage centralisé.
Ce morcellement touche tous les domaines : finance, logistique, RH, commerce. Dans le secteur du transport, par exemple, les directions opérationnelles adoptent parfois des outils TMS externes pour optimiser les tournées ou suivre les livraisons. Si ces outils ne sont pas intégrés à la plateforme principale de l'entreprise, on se retrouve avec des doublons d'informations, des erreurs de planification et des pertes de visibilité sur les coûts réels.
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Shadow IT, quand les métiers deviennent leurs propres DSI (Posté le jeudi 16 octobre 2025):
Depuis quelques années, un phénomène discret mais massif bouleverse les organisations, appelé le Shadow IT. Derrière ce terme, on retrouve l'ensemble des outils, applications et services numériques déployés par les métiers sans validation préalable de la DSI. Le Shadow IT c'est un outil collaboratif adopté sans concertation, une solution SaaS installée pour gérer un reporting ou un abonnement cloud pris “temporairement” pour tester une idée...
Le phénomène du Shadow IT s'explique aussi par une mutation culturelle : les métiers sont devenus plus technophiles. Les outils modernes comme le logiciel Monday ou Notion permettent de créer rapidement des espaces de travail collaboratifs, sans ligne de code. Cette autonomie apparente est séduisante, mais elle brouille la frontière entre innovation et désordre. Les métiers n'ont pas toujours conscience des enjeux de sécurité, de performance ou de conformité.
Le rôle de la DSI n'est plus de dire “non”, mais de canaliser cette énergie créative. Il faut établir un cadre clair : encourager l'expérimentation tout en garantissant la sécurité. Une démarche efficace consiste à créer des “zones d'innovation contrôlée”, où les métiers peuvent tester de nouveaux outils dans un environnement isolé, sous supervision technique. Cela permet d'allier liberté et maîtrise.
Les entreprises les plus matures mettent en place des catalogues d'applications validées, des processus d'homologation accélérés et une communication renforcée avec les métiers. Le DSI devient ainsi un facilitateur plutôt qu'un gardien. Il s'agit d'un changement de posture majeur, que les organisations doivent accompagner.
Cette évolution concerne également les outils structurants. Les systèmes de gestion intégrée comme un ERP connu ne peuvent plus rester des blocs rigides, fermés sur eux-mêmes. Ils doivent s'ouvrir à l'écosystème SaaS tout en conservant leur rôle de colonne vertébrale du système d'information. C'est là que les profils comme le chef de projet ERP deviennent essentiels : ils assurent la cohérence entre l'innovation métier et l'architecture globale.
Pour piloter un projet dans ce contexte, il faut adopter une approche équilibrée entre gouvernance et flexibilité. Les DSI qui réussissent sont celles qui ont compris que la centralisation à outrance est aussi dangereuse que le laisser-faire total. Elles construisent des plateformes sécurisées, documentées et ouvertes, sur lesquelles les métiers peuvent brancher leurs applications tout en respectant les standards.
Le Shadow IT, en fin de compte, révèle une faille dans la relation entre DSI et métiers. Si les collaborateurs vont chercher ailleurs des solutions, c'est souvent parce qu'ils ne trouvent pas ce qu'ils veulent en interne. Le défi, pour la DSI, est donc de redevenir attractive, réactive et connectée aux besoins opérationnels. Les outils d'intégration, les APIs, et les environnements cloud sécurisés permettent aujourd'hui de concilier cette agilité sans compromettre la sécurité.
L'avenir, selon moi, appartient aux organisations hybrides : des DSI qui collaborent main dans la main avec les métiers, des gouvernances souples, et des plateformes ouvertes mais protégées. Dans ce modèle, le Shadow IT n'est plus un ennemi à combattre, mais un signal à écouter. Il indique là où l'innovation émerge, là où les besoins changent. Encore faut-il que l'entreprise sache transformer cette énergie en valeur.
Et pour cela, il faut des architectes capables de comprendre le langage des métiers, des chefs de produit qui parlent autant performance que sécurité, et des experts capables de relier tous ces mondes. Autrement dit : une nouvelle génération de DSI augmentés, héritiers de la technique mais ancrés dans la stratégie. Ceux-là sauront faire du chaos numérique actuel un levier de transformation durable.
Outre l'email / téléphone, les visioconférences sur Google Meet sont une moyen privilégié de me contacter. La simplicité d'utilisation de cet outil en fait un choix évident, n'imposant aucune installation. Renseignez mon adresse email pour une invitation via Google Agenda.
Pays de Provence, le 9 octobre 2025
Michel Campillo
Consultant chef de projet IT
☎ 06 89 56 58 18
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⛅ L'automne est arrivé, un temps propice au travail non? ☂️
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