Les phases APS et APD dans les projets d'installations industrielles

Dans le domaine de la construction d’installations industrielles, la rigueur de la planification conditionne directement le succès du projet. Cette réalité est d’autant plus cruciale lorsqu’il s’agit d’infrastructures sensibles et stratégiques comme les Small Modular Reactors (SMR), dont la conception et la réalisation exigent un niveau d’excellence technique et réglementaire particulièrement élevé.

Dans ce contexte, les phases d’Avant-projet sommaire (APS) et d’Avant-projet définitif (APD) apparaissent comme des jalons essentiels. Elles permettent non seulement de réduire les risques techniques et financiers, mais aussi de poser les bases solides d’une acceptabilité sociale et réglementaire indispensable. 😉

Je vous partage mes lectures sur Les phases APS et APD dans les projets d'installations industrielles

🚀 L’Avant-projet sommaire : donner une vision claire et cadrée

L’APS constitue la première étape d’ingénierie structurée après les études de faisabilité. Son rôle est de traduire les besoins stratégiques et fonctionnels en premières propositions techniques. Dans un projet de SMR, cela signifie définir les grandes lignes de l’implantation du site, la nature des équipements principaux, ainsi que les hypothèses de fonctionnement.

Prenons l’exemple d’un projet de SMR prévu en zone portuaire. L’APS servira à analyser les contraintes environnementales (présence d’eau de mer pour le refroidissement, risques liés à la montée du niveau marin), les enjeux logistiques (accès pour les convois exceptionnels, proximité d’un réseau électrique à forte capacité), et les premières options architecturales (réacteurs enterrés pour renforcer la sûreté passive, bâtiments de contrôle renforcés).

Cette phase permet aussi de fournir une première estimation budgétaire et un planning global, suffisamment précis pour convaincre investisseurs et autorités publiques de l’intérêt du projet.

Sans un APS solide, le risque est grand de s’engager dans une direction techniquement séduisante mais financièrement intenable, ou de négliger un facteur critique comme la disponibilité foncière, entraînant des retards irréparables.

🚀 L’Avant-projet définitif : consolider et sécuriser

L’APD prend le relais et constitue une étape encore plus déterminante. Ici, il ne s’agit plus seulement de cadrer, mais de détailler. Le rôle de l’APD est de fournir l’ensemble des éléments techniques, financiers et réglementaires permettant de préparer la phase d’exécution. Pour un SMR, cela implique par exemple de figer l’implantation exacte des réacteurs, de définir précisément le système de refroidissement (air, eau, hybride), de dimensionner les systèmes de sécurité (barrières de confinement, systèmes d’arrêt d’urgence), et de produire les dossiers nécessaires aux premières autorisations administratives.

Un exemple concret peut être trouvé dans le programme NUWARD, porté par EDF en France. Dans la phase équivalente à un APD, les ingénieurs doivent préciser comment intégrer deux réacteurs modulaires sur un site unique, optimiser le génie civil pour réduire les coûts, tout en respectant les exigences de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ce niveau de détail est indispensable, par exemple dans les smart industries, pour permettre aux fournisseurs et sous-traitants de chiffrer précisément leurs prestations, réduisant ainsi les incertitudes financières.

L’APD sert également de socle pour la gestion des risques. En définissant avec précision les choix technologiques (par exemple, opter pour une cuve intégrée limitant les tuyauteries externes, donc réduisant les risques de fuite), on anticipe les points critiques qui, mal gérés, pourraient entraîner des surcoûts ou des oppositions réglementaires.

🚀 La valeur ajoutée de l’APS et de l’APD dans un contexte nucléaire

Dans le cas des SMR, l’importance de ces phases prend une dimension particulière. Contrairement à une centrale nucléaire classique, dont les choix de conception sont largement standardisés et éprouvés, les SMR reposent sur des concepts innovants encore en cours de validation industrielle. L’APS et l’APD permettent d’articuler cette innovation avec les contraintes très strictes de la réglementation nucléaire.

Prenons un exemple nordique : en Finlande, certains projets de SMR envisagent une intégration directe avec des réseaux de chaleur urbains. Dans ce cas, l’APS permet de tester différents scénarios d’interconnexion avec le réseau, tandis que l’APD viendra définir précisément les échangeurs thermiques, les systèmes de distribution et les garanties de continuité d’approvisionnement. Ce double niveau de préparation évite que les discussions avec les opérateurs de réseaux ne révèlent des incompatibilités trop tard dans le processus.

🚀 Un investissement indispensable

Certains maîtres d’ouvrage peuvent être tentés de réduire les coûts et délais d’étude en compressant les phases d’APS et d’APD. Pourtant, dans le cas des SMR, cette économie apparente se révèle presque toujours contre-productive. Les coûts d’implémentation d’un réacteur nucléaire modulaire sont tels que la moindre erreur de conception ou d’anticipation se chiffre en millions d’euros, sans parler des retards induits dans la mise en service.

J'estime pour ma part que l’APS et l’APD sont beaucoup plus qu’une formalité administrative ou technique : ce sont les étapes structurantes qui conditionnent la faisabilité, la crédibilité et la réussite à long terme des projets de SMR. Dans un secteur où la sécurité, la compétitivité économique et la confiance publique sont toutes trois essentielles, leur rôle est tout simplement incontournable.

👉 ( ◍•㉦•◍ ) Michel Campillo consultant expert en solutions de gestion écrit et publie régulièrement depuis 2004 des articles sur son site web professionnel dédié aux outils d'entreprise et aux questions du numérique et des technologies. Comme tout blogueur il écrit aussi sur des sujets divers, voir le blog pour un aperçu des thèmes abordés.

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Pays de Provence, le 1° septembre 2025

Michel Campillo
Consultant chef de projet IT
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