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RPA : l'automatisation mal intégrée devient un risque

Je vois depuis quelques années une véritable vague de publications sur LinkedIn autour du RPA, la Robotic Process Automation. Les témoignages, les études de cas et les promesses s'enchaînent, souvent avec un ton exalté : gains de productivité spectaculaires, réduction des coûts, libération des équipes de tâches répétitives. Pourtant, derrière cette image séduisante, il y a une réalité beaucoup plus nuancée que j'ai pu observer sur le terrain. Et si je devais résumer mon ressenti, je dirais qu'il faut être extrêmement prudent avant de se lancer dans le RPA, surtout lorsqu'on le fait pour suivre une tendance, sans véritable réflexion stratégique.


Je vous partage mon expérience sur le RPA, quand l'automatisation mal intégrée devient un risque

Dans de nombreuses entreprises, je rencontre un paradoxe étonnant : elles ont investi dans un ERP en SaaS, hébergé dans le cloud, parfois depuis plusieurs années, mais restent étonnamment en retard dans leur automatisation réelle. L'ERP, censé être le socle numérique de l'entreprise, est souvent sous-exploité. Les équipes continuent à maintenir des processus manuels parallèles, à jongler avec des fichiers Excel, à utiliser des outils annexes qui ne communiquent pas entre eux. Dans ce contexte, le RPA apparaît comme une solution rapide, presque magique : il suffit d'implémenter quelques robots pour automatiser les tâches répétitives, sans toucher aux systèmes existants. Mais c'est précisément là que les problèmes peuvent commencer.

Le premier risque, c'est de voir le RPA comme un palliatif permanent, une béquille technologique qui masque les vrais problèmes d'intégration de logiciels. Au lieu de travailler sur la consolidation et l'optimisation des flux dans la solution ERP, on met en place des robots pour copier-coller des données entre des systèmes qui, en réalité, devraient être nativement interconnectés. Cela crée une couche d'automatisation fragile, dépendante de la stabilité des interfaces et de la moindre modification d'écran ou de champ. Le jour où une application change, tout le robot est à reprogrammer, et les gains supposés s'évaporent rapidement.

J'ai vu aussi des projets où l'adoption du RPA a été décidée uniquement pour ne pas “rater le train” de l'innovation, parce que “tous nos concurrents s'y mettent” ou “on en parle partout sur LinkedIn”. C'est une erreur classique : confondre vitesse et précipitation. Le RPA est un outil puissant, mais il doit s'inscrire dans une réflexion globale, intégrée à une roadmap claire. Sinon, on risque de multiplier les initiatives isolées, sans cohérence, avec à la clé des coûts croissants et une dette technique qui s'accumule.

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Shadow IT, quand les métiers deviennent leurs propres DSI (Posté le jeudi 16 octobre 2025): Depuis quelques années, un phénomène discret mais massif bouleverse les organisations, appelé le Shadow IT. Derrière ce terme, on retrouve l'ensemble des outils, applications et services numériques déployés par les métiers sans validation préalable de la DSI. Le Shadow IT c'est un outil collaboratif adopté sans concertation, une solution SaaS installée pour gérer un reporting ou un abonnement cloud pris “temporairement” pour tester une idée...

Un autre point qui me vient en tête, souvent sous-estimé, est la maintenance. Un robot n'est pas autonome pour l'éternité. Il doit être supervisé, mis à jour, testé à chaque changement d'application ou d'environnement. Dans un système déjà complexe, avec un ERP cloud, plusieurs applications métiers et des interfaces web qui évoluent régulièrement, cette maintenance peut devenir un gouffre de temps et de ressources. Et si l'entreprise n'a pas prévu un budget et une équipe dédiés, les robots tombent en panne, et les utilisateurs finissent par reprendre les anciennes méthodes manuelles… avec un sentiment amer d'avoir gaspillé du temps et de l'argent.

Il y a aussi un enjeu organisationnel fort. L'automatisation mal pensée peut créer des tensions entre les services. Si un processus est automatisé par un consultant fonctionnel sans concertation avec les équipes qui l'utilisent, celles-ci peuvent percevoir la démarche comme une menace pour leur poste, ou comme une décision imposée sans comprendre ses bénéfices réels. J'ai vu des projets RPA ralentir considérablement simplement à cause d'un manque d'adhésion interne. L'humain reste au centre, même dans les projets les plus technologiques, et négliger cet aspect est un risque majeur.

Et puis il y a la question de la veille technologique. Trop d'entreprises considèrent encore le RPA comme une fin en soi, alors qu'il s'agit seulement d'une étape possible dans l'évolution de l'automatisation. Les technologies évoluent vite : intégrations via API, plateformes low-code/no-code, IA générative appliquée aux process… Un projet RPA lancé aujourd'hui sans veille active et sans capacité d'adaptation risque de se retrouver obsolète en quelques années, voire quelques mois. Il est donc indispensable d'inscrire l'automatisation dans une vision à long terme, avec une ouverture vers les innovations futures et non comme une solution figée.

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Enfin, je ne peux pas ignorer le problème du “double travail numérique” que j'ai vu apparaître dans certaines structures. C'est le paradoxe ultime : on implémente un robot censé tout faire automatiquement, mais comme on n'a pas totalement confiance en lui, on continue à vérifier manuellement ses résultats, parfois à ressaisir les données en parallèle “au cas où”. Résultat : non seulement on ne gagne pas de temps, mais on en perd.

Pour toutes ces raisons, je crois qu'il faut aborder le RPA avec lucidité. Oui, il peut être un levier formidable pour améliorer la productivité et fiabiliser certains process, mais à condition qu'il s'inscrive dans une démarche structurée, avec une vraie stratégie d'intégration des logiciels existants et une vision claire de l'évolution technologique de l'entreprise. Ce n'est pas un gadget à la mode à ajouter à son profil LinkedIn, ni un trophée à exhiber dans les salons. C'est un outil, et comme tout outil, il doit être choisi, déployé et maintenu avec méthode.

L'automatisation ne se résume pas à mettre des robots partout. Elle demande un travail d'analyse en profondeur, de simplification des processus, et une attention particulière à la cohérence des systèmes. Les entreprises qui ont déjà un ERP SaaS dans le cloud disposent d'une base solide : encore faut-il l'exploiter pleinement, optimiser ses modules, renforcer ses intégrations, avant de superposer une couche de RPA. Autrement, le risque est de bâtir un château sur du sable, et de s'apercevoir trop tard que la promesse d'efficacité s'est transformée en complexité coûteuse.

Attention je ne dis pas que le RPA est l'ennemi, mais la précipitation l'est. Les effets de mode sur LinkedIn sont éphémères, les impacts d'un mauvais projet RPA peuvent durer longtemps. L'automatisation intelligente, elle, se construit avec patience, cohérence et vision.

👉 ( ◍•㉦•◍ ) Michel Campillo consultant expert en solutions de gestion écrit et publie régulièrement depuis 2004 des articles sur son site web professionnel dédié aux outils d'entreprise et aux questions du numérique et des technologies. Comme tout blogueur il écrit aussi sur des sujets divers, voir le blog pour un aperçu des thèmes abordés.

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Pays de Provence, le 6 août 2025

Michel Campillo

Michel Campillo Michel Campillo
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