Consultant chef de projet IT
Le consultant évolue vers des postes à responsabilités dans le pilotage de projet
Dans la gestion de projet IT, certains livrables sont considérés comme indispensables, d'autres comme accessoires. Le Business Requirements Document (BRD), ou document des besoins métier, appartient souvent à cette seconde catégorie. Pourtant, son absence ou sa négligence au début d'un projet peut engendrer des conséquences majeures : incompréhension entre les parties prenantes, erreurs d'interprétation, et retards coûteux.
Bien que les entreprises investissent des ressources considérables dans la phase de Conception avec la rédaction des spécifications fonctionnelles détaillées, elles omettent parfois en phase de Cadrage de structurer, en amont, la description claire des besoins métier qui justifie l'existence même du projet.

Je vous partage ma réflexion sur le BRD, maillon oublié mais essentiel des projets IT
Le BRD, par définition, est un document qui traduit les attentes et les objectifs du métier en un langage compréhensible pour les équipes techniques et fonctionnelles. Contrairement au blueprint, souvent utilisé dans le contexte des projets ERP, le BRD ne décrit pas comment le système doit fonctionner, mais ce qu'il doit permettre d'accomplir. C'est la boussole stratégique d'un projet avant que ne commencent les travaux de la phase de Conception.
Le BRD constitue la pierre angulaire de tout projet informatique structuré. Il formalise les besoins exprimés par les utilisateurs finaux et les directions métier, en mettant l'accent sur les résultats attendus, les contraintes et les indicateurs de performance. En d'autres termes, il répond à la question : « Que doit faire la solution pour atteindre les objectifs métier ? »

Un BRD efficace doit rester centré sur le “pourquoi” et le “quoi”. Les aspects techniques du “comment” relèvent plutôt des spécifications fonctionnelles détaillées ou du blueprint. Dans un projet de mise en place d'un progiciel de gestion intégré, par exemple, le BRD identifie les besoins de gestion comptable, de suivi des ventes, de planification ou de logistique. Ce n'est qu'ensuite que le blueprint déclinera ces besoins en processus, rôles, écrans et paramétrages précis du logiciel.
La confusion entre BRD et blueprint est fréquente. Pourtant, ces documents se situent à deux niveaux différents du projet.
Le BRD est rédigé en amont, lors de la phase d'analyse des besoins. Il est souvent produit par les équipes métier, éventuellement avec l'appui d'un business analyst, avant même le choix de la solution technique. Le blueprint, quant à lui, intervient une fois le logiciel choisi — qu'il s'agisse de SAP, Oracle, Microsoft Dynamics ou d'un autre ERP connu.
Le blueprint traduit les besoins du BRD en processus concrets et paramétrages dans le système cible. Si le BRD dit “Nous devons gérer les remises clients selon un barème défini par le service commercial”, le blueprint précisera comment cette règle sera configurée dans l'ERP, sous quelle table, avec quels contrôles et quelles interfaces. En somme, le BRD est l'intention ; le blueprint, la mise en œuvre.
L'expérience montre que de nombreux projets échouent ou dépassent leur délai d'implémentation d'un ERP faute d'avoir pris le temps d'élaborer un BRD complet. Les équipes se précipitent vers la phase de Conception, ou pire encore commence à faire du paramétrage ! Donc passent à la phase de Réalisation, sans que les besoins ne soient clairement compris, documentés ou validés.
🚨 Cette approche “tech-first” conduit à des malentendus entre les métiers et l'IT, à des reconfigurations successives et à des frustrations des utilisateurs finaux.
Après tout, un BRD bien rédigé sert de référence contractuelle. Il permet de mesurer si les fonctionnalités livrées correspondent bien aux besoins initiaux. Dans les projets soumis à des prestataires externes, il représente une protection juridique et opérationnelle, car il définit le périmètre fonctionnel à respecter.
Prenons l'exemple d'une entreprise de distribution souhaitant déployer un ERP pour gérer ses flux logistiques et financiers. Le BRD pourrait formuler les exigences métier suivantes :
Une fois ce BRD validé, le blueprint ERP traduira ces besoins en processus détaillés : configuration des modules logistiques, intégration des paiements avec l'ERP, mapping des données, gestion des interfaces et des workflows.
Une société industrielle française souhaitait refondre son système d'information vieillissant. Son objectif : améliorer la visibilité sur les coûts de production et automatiser les rapports de performance. Le BRD a d'abord recensé les besoins essentiels : consolidation financière, suivi des ordres de fabrication, gestion des achats et prévisions. À ce stade, aucune solution n'était encore choisie.
Ce n'est qu'après cette formalisation des besoins que la société a pu sélectionner son futur ERP, évaluer les propositions d'intégrateurs et affiner son budget. Le blueprint a ensuite été élaboré pour traduire ces besoins en structures de données, en écrans utilisateurs et en règles de gestion. Cette méthode a permis d'éviter de nombreuses dérives et de réduire significativement les délais de mise en œuvre.
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Shadow IT, quand les métiers deviennent leurs propres DSI (Posté le jeudi 16 octobre 2025):
Depuis quelques années, un phénomène discret mais massif bouleverse les organisations, appelé le Shadow IT. Derrière ce terme, on retrouve l'ensemble des outils, applications et services numériques déployés par les métiers sans validation préalable de la DSI. Le Shadow IT c'est un outil collaboratif adopté sans concertation, une solution SaaS installée pour gérer un reporting ou un abonnement cloud pris “temporairement” pour tester une idée...
Cette approche illustre également l'importance de la gouvernance. Dans les entreprises où le BRD est absent, les arbitrages sont souvent pris au fil de l'eau, selon les urgences ou les intuitions. La méthodologie du BRD oblige, au contraire, à expliciter les priorités, à valider les hypothèses et à documenter les décisions.
Malgré ses avantages évidents, le BRD reste sous-utilisé dans les projets IT. Plusieurs raisons expliquent ce paradoxe : la pression du temps, la croyance que “tout sera défini dans le blueprint”, ou encore la difficulté à mobiliser les métiers pour exprimer leurs besoins de manière structurée. Dans les entreprises agiles, on lui préfère parfois des user stories ou des backlogs plus légers.
Cependant, même dans les approches modernes, la valeur du BRD demeure : il garantit une vision d'ensemble, une cohérence entre les objectifs métier et la solution technique.

Certains experts rappellent d'ailleurs que le BRD pourrait retrouver une place centrale à l'heure où les entreprises multiplient les intégrations complexes entre systèmes — ERP, CRM, outils de BI comme Qlik Sense, plateformes de paiement, applications mobiles ou IoT. Documenter clairement les besoins métiers devient essentiel pour orchestrer ces interconnexions.
Au-delà de sa fonction documentaire, le BRD joue un rôle clé de médiation. Il relie les directions opérationnelles aux équipes IT, dans un langage commun. Il permet aux métiers de se réapproprier les projets technologiques et aux informaticiens de mieux comprendre les finalités qu'ils servent.
À l'heure où certains se demandent s'il faut encore des DSI, le BRD rappelle que la stratégie numérique ne peut exister sans une compréhension claire des besoins métiers.
La lecture de nombreux témoignages sur des espaces spécialisés comme un forum ERP montre que les projets les plus réussis ne sont pas toujours ceux dotés de la technologie la plus avancée, mais ceux qui ont su cadrer leurs attentes dès le départ. Le BRD, discret et souvent sous-estimé, en est l'illustration parfaite : il est le point d'ancrage du dialogue entre métier et technologie, là où commence toute réussite numérique.
Outre l'email / téléphone, les visioconférences sur Google Meet sont une moyen privilégié de me contacter. La simplicité d'utilisation de cet outil en fait un choix évident, n'imposant aucune installation. Renseignez mon adresse email pour une invitation via Google Agenda.
Pays de Provence, le 16 septembre 2025

Michel Campillo
Consultant chef de projet IT
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➽ Les articles d'actualité sur les problématiques d'entreprise sont repris chronologiquement sur la page d'accueil du blog. J'aime cet article sur les ERP: « Combien de temps rester dans une ESN ? ».
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⛅ L'automne est arrivé, un temps propice au travail non? ☂️
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