Consultant chef de projet IT
Le consultant possède une fonction pédagogique de former les utilisateurs
Je me souviens encore de la première fois où j’ai entendu un collègue annoncer la "mort prochaine des DSI". C’était au début des années 2000, quand Internet bouleversait les habitudes et que tout le monde croyait que les métiers allaient "reprendre le pouvoir" sur l’informatique. Vingt-cinq ans plus tard, j’ai vu passer trois révolutions IT : celle de l’ERP, celle du Cloud, et aujourd’hui celle de l’IA générative.
Et malgré toutes les prédictions, les DSI sont toujours là. Elles ont changé, certes, parfois dans la douleur, mais elles existent encore. Alors la question revient : en 2030, en aura-t-on toujours besoin ?
Je vous partage ma réflexion sur faut-il encore des DSI en 2030 ?
En tant que expert en intégration de solution IT, j’ai souvent observé que le rôle du DSI évolue au rythme des vagues technologiques. Dans les années 1990 et 2000, la DSI était une direction de support, concentrée sur la maintenance des serveurs, les licences Windows, les sauvegardes et la sécurité réseau. Les métiers parlaient de "l’informatique" comme d’un mal nécessaire, un centre de coûts où l’on dépensait sans jamais vraiment comprendre ce qu’on achetait. Puis sont venus les grands projets ERP : SAP, Oracle, Sage, Microsoft Dynamics. Ces déploiements massifs ont replacé la DSI au cœur de la transformation des organisations. Elle devenait un partenaire stratégique.
Ce virage, je l’ai vécu de l’intérieur, en tant que chef de projet ERP. À cette époque, les directions financières et industrielles ont découvert à quel point un système d’information bien conçu pouvait transformer leur métier. Le DSI n’était plus le gardien des serveurs : il devenait l’architecte de la performance opérationnelle. C’est dans ces années que le pilotage de projet est devenu un art en soi, une discipline qu’on a dû apprendre et perfectionner. Piloter un projet IT, c’était bien plus que gérer des plannings : c’était concilier la technique, les processus métier et la culture d’entreprise.
Puis le Cloud a tout remis en question. Soudain, les métiers pouvaient acheter leurs logiciels eux-mêmes, en quelques clics, sans passer par la DSI. Ce fut l’ère du "Shadow IT", où chaque service déployait sa propre application SaaS. On se souvient de la multiplication des outils de gestion, des CRM et des plateformes collaboratives — jusqu’à ce que tout devienne ingérable. C’est à ce moment-là que j’ai compris que la DSI n’allait pas disparaître, mais se réinventer. Elle devait redevenir ce qu’elle aurait toujours dû être : une direction stratégique, garante de la cohérence, de la sécurité et de la pérennité du système d’information.
Les années 2020 ont marqué un tournant. Le DSI s’est fait stratège. Il a appris à parler "valeur métier", à gérer des portefeuilles de produits, à penser en termes d’expérience utilisateur. Dans un projet d’ERP expert que j’ai accompagné récemment, le DSI ne s’occupait plus de choisir les serveurs ou les licences. Il travaillait sur la gouvernance de la donnée, la conformité réglementaire, et la cohérence entre ERP, CRM et outils d’analyse prédictive. Autrement dit, il ne faisait plus de l’informatique : il faisait de la stratégie.
Ce qui m’a frappé, c’est que même les solutions SaaS les plus simples, comme Monday l'outil ou un logiciel TMS de dernière génération, finissent par poser des questions d’architecture, de sécurité et d’interopérabilité. Et devinez qui doit trancher ? Le DSI. Car au-delà des choix technologiques, il s’agit toujours d’une question de gouvernance. Si chacun fait ce qu’il veut dans son coin, l’entreprise perd en cohérence et en maîtrise. L’expérience montre qu’il faut une tête, un chef d’orchestre pour coordonner l’ensemble. Et ce rôle, malgré tous les discours sur la "démocratisation de la tech", reste celui du DSI.
Mais attention : le DSI de 2030 ne sera pas celui de 2020. Il n’aura plus besoin d’équipes pléthoriques ni de salles serveurs. Il travaillera dans un environnement totalement hybride, où l’IA, les API et les plateformes low-code auront simplifié beaucoup de tâches. Il devra comprendre le fonctionnement d’un ERP connu aussi bien que celui d’un système d’intelligence artificielle appliquée à la finance ou à la logistique. Il sera un connecteur de mondes : celui des métiers, de la technologie et de la gouvernance.
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Shadow IT, quand les métiers deviennent leurs propres DSI (Posté le jeudi 16 octobre 2025):
Depuis quelques années, un phénomène discret mais massif bouleverse les organisations, appelé le Shadow IT. Derrière ce terme, on retrouve l'ensemble des outils, applications et services numériques déployés par les métiers sans validation préalable de la DSI. Le Shadow IT c'est un outil collaboratif adopté sans concertation, une solution SaaS installée pour gérer un reporting ou un abonnement cloud pris “temporairement” pour tester une idée...
Je me demande souvent ce qu’il restera de la "fonction DSI" telle qu’on la connaît. Peut-être qu’elle sera fondue dans une direction de la transformation numérique, ou qu’elle deviendra un pôle transverse, un centre de compétences sur les données et la cybersécurité. Peut-être même que les organisations adopteront des modèles "produit" dans lesquels chaque domaine (finance, RH, logistique) pilotera ses propres solutions, avec une coordination globale assurée par un comité digital. Mais dans tous les cas, il faudra quelqu’un pour garantir la cohérence d’ensemble. Et c’est là que je reste convaincu que le rôle de la DSI ne disparaîtra pas. Il évoluera, comme il l’a toujours fait.
Je crois profondément que le futur du DSI se jouera dans sa capacité à accompagner la transformation, non plus en exécutant, mais en orchestrant. Le DSI de 2030 sera à la fois stratège et pédagogue. Il devra comprendre l’IA, la blockchain, les architectures événementielles, mais aussi la psychologie du changement. Il devra savoir expliquer, convaincre, prioriser. Les technologies évolueront plus vite que jamais, mais sans vision, elles resteront des gadgets.
En tant que chef de projet ERP, j’ai appris une chose : la technologie ne remplace jamais la gouvernance. Un ERP, même le plus moderne, même le plus ERP connu, ne fonctionne que si quelqu’un veille à ce qu’il reste aligné sur les besoins de l’entreprise. Et cette vigilance, c’est la marque du DSI moderne.
Faut-il encore des DSI en 2030 ? Oui, mais pas ceux d’hier. Ceux de demain devront penser produit, data, IA, et stratégie. Ils devront jongler entre innovation et résilience. Ils ne seront plus seulement les gardiens du système d’information, mais les garants de la vision numérique de l’entreprise. Et tant que la technologie continuera d’évoluer plus vite que les organisations, il faudra quelqu’un pour tenir la barre. Ce quelqu’un, qu’on l’appelle encore DSI ou autrement, restera indispensable.
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Pays de Provence, le 3 octobre 2025
Michel Campillo
Consultant chef de projet IT
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