Consultant chef de projet IT
Accepter les façons de voir des utilisateurs est essentiel pour implanter un outil de gestion
Depuis quelques mois, on parle beaucoup d'IA agentique comme du futur de la productivité. Ces intelligences artificielles capables d'agir de manière autonome au sein des outils métiers promettent une transformation radicale : des logiciels qui non seulement analysent et prévoient, mais aussi qui agissent — en lançant des processus, en corrigeant des erreurs ou en ajustant des paramètres selon le contexte.
Pourtant, comme souvent en technologie, il faut distinguer le fantasme de la réalité. Et c'est précisément ce que je tente de faire chaque jour, en tant qu'expert en intégration de solution IT.
Je vous partage ma réflexion sur l'intégration de l'IA agentique dans les solutions métiers, un levier de productivité?
Dans les faits, l'intégration de l'IA agentique dans les solutions métiers soulève deux questions fondamentales : à quel point cette technologie est-elle prête, et dans quelle mesure les entreprises le sont-elles ? Beaucoup rêvent d'un ERP intelligent qui anticipe les besoins, génère des rapports avant même qu'on les demande, ou ajuste les flux d'approvisionnement de manière prédictive. Mais entre l'idée et la mise en œuvre, il y a un fossé. Les outils d'aujourd'hui ne manquent pas de puissance, mais leur efficacité dépend surtout de la qualité des données, de la maturité des processus et de la clarté des objectifs.
Dans un ERP expert, l'IA agentique peut déjà offrir des gains réels. Prenons l'exemple du chiffrage industriel : au lieu de s'appuyer uniquement sur l'historique des coûts, un agent intelligent peut croiser les données d'achat, de production et de logistique pour proposer un chiffrage dynamique, actualisé selon les fluctuations du marché ou les prévisions de charge. C'est une avancée considérable pour les directions industrielles et financières, car cela permet d'améliorer la précision budgétaire tout en réduisant le temps consacré à ces calculs manuels. Mais pour que cela fonctionne, encore faut-il que les données soient fiables, structurées et correctement exposées à l'IA.
Quand je dois piloter un projet intégrant ce type de solution, je constate souvent un écart entre la vision stratégique et les moyens techniques disponibles. On me demande une IA qui “décide toute seule”, mais les bases de données ne sont même pas alignées entre elles. Dans certains cas, l'IA passe plus de temps à “nettoyer” qu'à “raisonner”. C'est là que réside le vrai défi : l'IA agentique ne remplace pas la gouvernance de la donnée — elle la rend encore plus cruciale.
Certaines entreprises croient pouvoir acheter un produit clé en main et devenir immédiatement plus performantes. C'est une illusion. L'IA agentique n'est pas une baguette magique, mais un catalyseur. Elle ne crée pas la valeur, elle amplifie celle déjà présente dans l'organisation. Si vos processus sont flous, si vos flux ne sont pas documentés, si vos équipes ne collaborent pas, l'IA ne fera qu'accélérer vos incohérences.
Je me souviens d'un déploiement d'un ERP connu dans un groupe industriel français. L'objectif était d'automatiser la planification des approvisionnements avec une IA intégrée. Sur le papier, le gain de temps prévu était énorme. En pratique, l'IA a commencé par reproduire les erreurs humaines, car elle s'appuyait sur des historiques incohérents. Ce n'est qu'après avoir repensé la structure des données et mis en place des règles de validation intelligentes qu'elle a pu délivrer de la valeur. L'automatisation ne peut pas précéder la compréhension.
L'un des secteurs où l'IA agentique promet le plus de progrès reste la logistique. Avec un logiciel TMS dopé à l'IA, on peut imaginer une gestion prédictive des flux de transport : ajustement automatique des itinéraires, anticipation des ruptures de stock, ou encore sélection dynamique des transporteurs selon les coûts et la performance. Ces scénarios ne sont plus de la science-fiction. Ils existent déjà dans certaines organisations pionnières, souvent celles qui ont compris que l'IA ne remplace pas la stratégie, mais la rend plus fine.
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Shadow IT, quand les métiers deviennent leurs propres DSI (Posté le jeudi 16 octobre 2025):
Depuis quelques années, un phénomène discret mais massif bouleverse les organisations, appelé le Shadow IT. Derrière ce terme, on retrouve l'ensemble des outils, applications et services numériques déployés par les métiers sans validation préalable de la DSI. Le Shadow IT c'est un outil collaboratif adopté sans concertation, une solution SaaS installée pour gérer un reporting ou un abonnement cloud pris “temporairement” pour tester une idée...
Et puis il y a la question des outils collaboratifs. L'intégration d'IA agentiques dans des plateformes comme Monday l'outil change la manière de travailler au quotidien. L'assistant intelligent peut prioriser automatiquement les tâches, proposer des plans de charge optimisés ou générer des résumés de réunions. On passe d'un outil de gestion de projet à un véritable coéquipier numérique. Le chef de projet n'a plus besoin de perdre du temps à relancer, synthétiser ou réorganiser : il peut se concentrer sur les arbitrages humains et les choix stratégiques.
Mais soyons lucides : il y a un risque d'overdose technologique. Certaines entreprises veulent tout automatiser, au point d'oublier la dimension humaine. Une IA ne remplacera jamais la créativité, l'intuition ou le sens politique d'un chef de projet ERP. Elle peut l'assister, l'éclairer, mais pas le substituer. L'enjeu, c'est de trouver l'équilibre entre l'autonomie de la machine et la supervision humaine. Trop de liberté donnée à l'IA, et l'entreprise s'expose à des erreurs coûteuses ; trop de contrôle, et les gains de productivité disparaissent.
Derrière tout cela se cache un enjeu plus large : celui de la transformation culturelle. L'IA agentique oblige les organisations à repenser leur rapport à la décision. Autrefois, l'IT exécutait ; aujourd'hui, elle propose. Autrefois, on programmait ; demain, on dialoguera avec les systèmes. Le rôle des métiers change aussi : ils doivent apprendre à formuler leurs besoins non plus sous forme de cahier des charges, mais de cas d'usage orientés apprentissage.
J'aime dire que l'IA agentique n'est pas une révolution technologique, mais une révolution cognitive. Elle déplace la frontière entre ce qui relève de la réflexion humaine et ce qui peut être confié à une machine. C'est un changement profond, comparable à ce qu'ont été les ERP dans les années 2000 ou le cloud dans les années 2010. L'entreprise qui saura dompter cette logique ne deviendra pas seulement plus productive — elle deviendra plus intelligente, au sens systémique du terme.
Pour y parvenir, il faut un travail de fond : revoir les processus, fiabiliser les données, former les équipes et surtout, accepter une part d'expérimentation. L'IA agentique se nourrit de retours d'expérience. Chaque erreur devient une source d'apprentissage, chaque succès une base d'amélioration continue.
L'IA agentique n'est ni un fantasme ni une menace. C'est une opportunité — à condition de l'aborder avec méthode, humilité et discernement. Elle ne remplacera pas l'humain, mais elle changera profondément la manière dont nous travaillons avec les machines. Et peut-être, dans quelques années, quand nous parlerons à nos ERP comme à des collègues, nous repenserons à cette époque où tout cela semblait encore de la science-fiction.
Outre l'email / téléphone, les visioconférences sur Google Meet sont une moyen privilégié de me contacter. La simplicité d'utilisation de cet outil en fait un choix évident, n'imposant aucune installation. Renseignez mon adresse email pour une invitation via Google Agenda.
Pays de Provence, le 7 octobre 2025
Michel Campillo
Consultant chef de projet IT
☎ 06 89 56 58 18
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➽ Les articles d'actualité sur les problématiques d'entreprise sont repris chronologiquement sur la page d'accueil du blog. J'aime cet article sur les ERP: « Cahier des charges et spécifications fonctionnelles détaillées ».
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⛅ L'automne est arrivé, un temps propice au travail non? ☂️
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