Quand la Suisse modernise ses logiciels ERP

Quand j'observe de près les choix technologiques faits par nos amis suisses, je suis toujours frappé par leur rigueur et leur capacité à anticiper les grandes transformations numériques. Depuis les années 1990, l'administration fédérale s'appuie sur les logiciels ERP, et plus particulièrement sur l'ERP SAP, pour gérer l'ensemble de ses processus : finances, achats, logistique, gestion du personnel, immobilier, gestion de projets et même portefeuilles.

Cette continuité stratégique, appuyée par une modernisation constante, me semble être une source d'inspiration pour tous ceux qui, comme moi, accompagnent les entreprises et les organisations dans leur transformation numérique.

Je vous partage ma réflexion sur la modernisation de ses logiciels ERP par la Suisse

Depuis 2025, l'armée suisse et l'Office fédéral de l'armement (armasuisse) exploitent la dernière génération de la plateforme SAP S/4HANA, considérée comme le cœur opérationnel pour garantir la disponibilité de leur matériel et assurer le bon déroulement des processus de défense. Là encore, le choix n'a rien d'anodin : face à des enjeux critiques comme la sécurité nationale, il faut un système robuste, éprouvé et aligné avec les standards internationaux.

Je vais vous dire tout de suite ce qui me frappe: ce déploiement n'a pas été une simple mise à jour technique. On peut parler d'une transformation en profondeur, avec une logique de continuité opérationnelle et d'adaptation aux besoins spécifiques de la défense.

Je dois avouer que, parfois, je me demande si en France nous avons toujours cette même discipline. Nous parlons souvent de transformation digitale, de modernisation, mais je vois encore beaucoup d'organisations qui tardent à franchir le pas, préférant repousser les migrations critiques, par peur des coûts ou de la complexité. Or, l'exemple suisse démontre qu'une décision claire et une vision sur le long terme permettent de sécuriser non seulement les systèmes, mais aussi la stratégie entière d'une organisation.

Il ne faut pas oublier que l'éditeur SAP a annoncé la fin de la maintenance des anciens systèmes ERP utilisés depuis 1997 par l'administration fédérale et l'armée suisse, avec un prolongement possible jusqu'en 2030. Cela signifie que, passé cette date, toute organisation restée sur l'ancienne génération serait exposée à des risques majeurs : perte de support, vulnérabilités accrues, obsolescence technologique.

Je vois dans cet état de fait une leçon universelle : repousser une migration critique, ce n'est pas économiser, c'est repousser l'inévitable au prix d'une fragilité accrue. 😉 Pas mal d'entreprises françaises devraient s'en inspirer.

Pourtant, et je parle ici avec mon expérience, passer à une nouvelle génération de logiciels ERP n'est jamais une simple formalité. Les défis rencontrés par la Suisse sont exactement ceux que j'observe au quotidien chez mes clients : l'acceptation par les utilisateurs des processus standardisés, la stabilité des performances, l'harmonisation des interfaces. Rien n'est jamais linéaire. C'est là qu'intervient l'importance d'une d'une veille technologique constante et d'une montée en compétences continue. On ne peut pas improviser la gestion d'un projet ERP de cette ampleur, cela demande des connaissances ERP solides, une capacité d'accompagnement, et surtout une vision claire.

Je crois aussi que ce type de projet met en évidence un équilibre délicat entre standardisation et personnalisation. La tentation de vouloir tout adapter à ses habitudes internes est grande, mais l'expérience montre que plus on s'écarte du standard, plus les coûts explosent et plus la maintenance devient lourde. Nos amis suisses l'ont compris : accepter des processus standardisés, même si cela implique de changer ses habitudes, peut représenter un gain stratégique à long terme.

Je fais souvent le parallèle avec ce que j'observe dans l'innovation à Marseille, au sein d'écosystèmes dynamiques qui cherchent à moderniser leurs systèmes d'information. Là aussi, les startups, les PME et même les grandes entreprises doivent arbitrer entre adopter des solutions éprouvées, comme les ERP SAP, ou tenter des solutions plus légères, plus flexibles mais parfois moins robustes. Mon rôle, en tant qu'accompagnateur, est souvent de les aider à voir au-delà du court terme, à se projeter dans une roadmap technologique où la cohérence et la durabilité priment sur l'effet de mode.

Il est intéressant de noter que le programme suisse baptisé « systèmes ERP Défense/armasuisse » n'a pas uniquement consisté à migrer vers une nouvelle technologie. Il a été pensé comme un transfert maîtrisé, organisé en unités de réalisation successives : d'abord le changement de génération, puis la migration, ensuite la stabilisation et enfin l'optimisation. Cette approche incrémentale me paraît exemplaire : elle permet d'absorber les chocs, de corriger les erreurs en chemin et de garantir que l'organisation continue de fonctionner sans rupture.

Quand je relis les rapports officiels, je remarque aussi que la transparence est totale sur les investissements : 240 millions de francs suisses pour ce programme, hors corrections initiales de planification. Là encore, c'est une leçon. Trop souvent, les projets ERP souffrent de sous-estimation des coûts réels, ce qui crée de la méfiance chez les décideurs. En affichant clairement l'investissement, la Suisse assume ses choix et se donne les moyens de réussir.

De mon point de vue, cette rigueur helvétique contraste parfois avec un certain flottement que j'observe ailleurs, où l'on préfère embellir les prévisions plutôt que d'affronter la réalité des coûts. Mais si l'on veut tirer des bénéfices réels d'un ERP de nouvelle génération, il faut être lucide : les moyens financiers, humains et organisationnels doivent être alignés avec l'ambition.

En définitive, l'exemple suisse me conforte dans mes convictions : un projet ERP n'est pas seulement une question de technologie, c'est une démarche de transformation globale. Cela demande une stratégie claire, une capacité à anticiper, et surtout un accompagnement humain fort. L'outil seul ne fait pas le succès, c'est la manière dont il est adopté, intégré et utilisé qui détermine la valeur réelle.

Et si je parle avec autant de conviction, c'est parce que je le vis au quotidien. J'accompagne des entreprises qui hésitent, qui doutent, et je leur rappelle toujours que l'innovation n'est pas une option mais une nécessité. À mes yeux, les logiciels ERP français en 2025 incarnent cette évolution : ils sont plus intelligents, plus intégrés, et lorsqu'ils s'appuient sur des bases solides comme SAP, ils peuvent réellement transformer en profondeur la manière de travailler.

👉 ( ◍•㉦•◍ ) Michel Campillo consultant expert en solutions de gestion écrit et publie régulièrement depuis 2004 des articles sur son site web professionnel dédié aux outils d'entreprise et aux questions du numérique et des technologies. Comme tout blogueur il écrit aussi sur des sujets divers, voir le blog pour un aperçu des thèmes abordés.

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Pays de Provence, le 14 août 2025

Michel Campillo
Consultant chef de projet IT
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