De la start-up à la scale-up, le passage à l'échelle dans l'écosystème numérique

On entend de plus en plus parler de scale-up, ce terme qui s'impose dans le vocabulaire de l'innovation et de la croissance des entreprises. Pourtant, il reste parfois flou pour le grand public et même pour certains acteurs économiques. Une scale-up n'est pas une simple start-up qui réussit, ni encore une licorne, mais un stade intermédiaire qui mérite d'être clarifié.

Concrètement, une start-up désigne une jeune entreprise innovante, souvent encore en phase de recherche de son marché et de son modèle économique. Elle expérimente, teste et pivote parfois plusieurs fois avant de trouver son équilibre. La licorne, quant à elle, est une entreprise privée non cotée atteignant une valorisation d'au moins un milliard de dollars, symbole de réussite et d'hypercroissance.

La scale-up se situe entre les deux : c'est une entreprise qui a déjà trouvé son business model, qui a validé son marché et qui passe désormais à l'étape d'industrialisation de sa croissance.

Donc ce qui distingue une scale-up, c'est donc moins l'idée initiale que sa capacité à croître rapidement, de manière structurée et durable. Là où la start-up cherche encore la bonne formule, la scale-up travaille à stabiliser un business model qui fonctionne déjà. Elle se concentre sur l'optimisation de ses process, le déploiement sur de nouveaux marchés, le renforcement de son organisation interne, et l'amélioration de son offre. On parle alors de stratégie de croissance soutenue, où la planification devient centrale.

Par exemple, dans des domaines comme les smart industries ou le développement de solutions IT, passer à l'échelle signifie investir dans des outils capables de soutenir un volume croissant d'opérations, comme un projet ERP permettant de mieux gérer la chaîne de valeur et de coordonner la montée en puissance de l'entreprise.

La stabilisation du business model est souvent un défi sous-estimé. Beaucoup de jeunes entreprises se contentent d'une première formule gagnante sans anticiper les tensions liées à l'expansion. Or, pour réussir la transition vers une scale-up, il faut investir dans la structuration des équipes, mettre en place des outils de gestion financière solides, anticiper la planification des ressources, un peu comme dans les phases APS APD d'un projet de construction où l'avant-projet sommaire et l'avant-projet définitif permettent de cadrer la faisabilité avant de se lancer dans le concret.

Une entreprise qui veut devenir scale-up doit donc penser sa trajectoire avec la même rigueur, en s'appuyant sur des phases préparatoires et des validations stratégiques qui lui permettront d'éviter les écueils de la croissance désordonnée.

Il existe d'ailleurs un label reconnu qui permet de recenser les entreprises considérées comme des scale-up : le French Tech Next40/120. Ce programme lancé par la French Tech a pour but de soutenir les entreprises les plus prometteuses en France, celles qui ont déjà franchi le cap de la start-up et qui affichent un potentiel de croissance internationale. Figurer dans ce classement est un signal fort envoyé aux investisseurs, aux partenaires et aux talents qui cherchent à rejoindre une aventure en pleine accélération.

Dans le secteur de l'IT, les Bouches du Rhône offrent plusieurs exemples (voir plus bas) intéressants d'entreprises ayant franchi ce cap. On peut citer des structures qui travaillent sur l'intégration numérique et les projets industriels, ou encore des scale-up spécialisées dans l'IA agentique et les plateformes intelligentes, adaptées aux besoins des smart industries.

Quelques exemples...

Vancelian est une entreprise niçoise dans les services financiers / FinTech, qui utilise la technologie blockchain, des applications mobiles, etc. bref le monde de la cryptomonnaie. J'ai un ancien collègue qui travaille dans cette société comme développeur. L'entreprise a des ambitions de croissance, c'est un bon exemple potentiel à surveiller, surtout si elle continue à lever des fonds ou élargir ses marchés.

BioMiMetiC est une entreprise assez souvent citée dans les Bouches-du-Rhône, elle est dans le secteur de la bioconversion des déchets organiques, R&D, etc. Elle est déjà en phase de scale-up dans la région, dans le sens où elle a dépassé le stade purement expérimental pour lancer un démonstrateur industriel. Je la cite même si ce n’est pas exactement dans l’IT pur, mais cela illustre le mouvement de croissance dans les start-ups innovantes de la région.

Quelques autres noms de l'écosystème local qu'on peut citer : GoJob, ImCheck Therapeutics, GravitHy. Signalons le rôle de ScaleUp Agency, basée à Aix-en-Provence, qui offre des services digitaux, marketing, CRM, etc. Elle est peut-être plus une agence de croissance qu’un produit IT pur, mais figure comme acteur de la tech locale.

Il y a clairement un écosystème actif dans les Bouches-du-Rhône. Ces entreprises marseillaises et aixoises illustrent le dynamisme local : elles partent d'une innovation technologique forte, réussissent à convaincre un premier cercle de clients, puis déploient leur offre en France et à l'international, en renforçant leurs capacités de production et de gestion. Elles montrent aussi comment l'écosystème régional, avec la French Tech Aix-Marseille, joue un rôle d'accélérateur en fournissant un cadre favorable au développement des scale-up.

Mais comment passer concrètement du statut de start-up à celui de scale-up ? Les recommandations sont claires. Il faut d'abord mettre l'accent sur la gouvernance et le management : une organisation encore artisanale ne pourra pas soutenir la montée en charge. Ensuite, il est indispensable de formaliser les process et d'industrialiser la production. Là encore, les outils technologiques jouent un rôle central. Un logiciel de planification, un projet ERP, ou même des applications basées sur l'IA agentique deviennent des leviers pour automatiser des tâches, anticiper les besoins et améliorer la productivité.

Il faut également renforcer la stratégie commerciale et marketing, en allant chercher de nouveaux marchés, parfois à l'international, tout en consolidant la base existante. Enfin, le financement reste une condition essentielle : la scale-up doit lever des fonds pour investir dans sa croissance, mais elle doit aussi démontrer sa capacité à générer des revenus récurrents et à maîtriser ses coûts.

En résumé, la scale-up est une entreprise qui a dépassé l'expérimentation de la start-up mais qui n'a pas encore atteint l'envergure d'une licorne. Elle se distingue par sa capacité à stabiliser un business model éprouvé tout en organisant une croissance rapide et maîtrisée. Sa stratégie repose sur des phases comparables à l'APS APD dans la construction, avec une planification rigoureuse et une vision claire des étapes à franchir.

Les labels comme la French Tech Next40/120 permettent de repérer ces acteurs clés de l'économie numérique, qui transforment le tissu entrepreneurial français. Dans les Bouches du Rhône, des entreprises comme Vancelian ou celles qui misent sur l'IA agentique au service des smart industries témoignent de ce dynamisme. Pour passer de start-up à scale-up, la recette tient dans une combinaison de rigueur, d'ambition et de technologies de pointe.

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Pays de Provence, le 16 septembre 2025

Michel Campillo
Consultant chef de projet IT
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