Délais de paiement, le BTP est exemplaire

Le secteur du BTP continue d'être exemplaire en matière de respect des délais de paiement. Selon une récente étude menée au 1er semestre 2024 sur les retards de paiements des entreprises et des acheteurs publics, le bâtiment et les travaux publics se classent parmi les cinq secteurs les plus rigoureux dans le règlement de leurs factures, gérées avec un ERP BTP, avec des délais inférieurs à 10 jours. Une performance qui démontre l'engagement de la profession à honorer ses engagements financiers, malgré un contexte économique marqué par l'incertitude.

En revanche le constat est beaucoup moins flatteur du côté des acheteurs publics, notamment les services de l'État, qui enregistrent des retards moyens de près de 20 jours. Les collectivités locales, bien que légèrement plus performantes, affichent elles aussi des délais inquiétants, avec des retards de paiement moyens variant de 12 à plus de 23 jours selon les entités. Ces comportements sur la gestion de facture fournisseur mettent en péril de nombreux sous-traitants du BTP, particulièrement ceux qui dépendent de la commande publique.

Thierry Millon, directeur des études chez Altares, souligne que le recours croissant au crédit fournisseur, souvent utilisé en remplacement du crédit bancaire, contribue à l'allongement des délais de paiement, fragilisant les trésoreries de nombreuses entreprises. Ce n'est pas la première fois que je constate cela, depuis que je fais de la rédaction de contenus sur le BTP. Dans un tel contexte, les petites entreprises et les sous-traitants, qui jouent un rôle crucial dans la chaîne de production du BTP, risquent de se retrouver en difficulté, incapables de dégager suffisamment de trésorerie pour investir ou simplement survivre.

En moyenne moins de la moitié des entreprises françaises payent leurs fournisseurs dans les délais, une situation préoccupante au regard de la moyenne européenne. On connaît d'ailleurs les enjeux de la gestion de la sous-traitance dans le BTP. Pourtant le secteur, et plus particulièrement le bâtiment, continue de se distinguer par sa ponctualité. Ce n'est pas seulement une question de respect des normes légales, mais aussi un impératif pour préserver la confiance entre les différents acteurs de la filière et garantir la pérennité de nos entreprises.

Il est donc crucial que les pouvoirs publics prennent conscience de l'impact de ces retards sur la santé économique de nos entreprises. L'Observatoire des délais de paiement estime qu'environ 15 milliards d'euros de trésorerie pourraient être libérés en supprimant les retards de paiement, un enjeu majeur pour renforcer la solidité financière du secteur.

Face à cette réalité, le secteur doit redoubler d'efforts pour maintenir ses bonnes pratiques, tout en exigeant des améliorations dans les comportements des acheteurs publics. La situation est critique, et si rien n'est fait, le risque d'accélérer les faillites des entreprises de notre secteur pourrait s'aggraver. Nous appelons donc à une responsabilisation accrue de tous les acteurs concernés pour protéger l'ensemble des professionnels du BTP.

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Depuis le cœur de Provence, le 14 septembre 2024

Michel Campillo
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