Consultant chef de projet IT
Le consultant a des compétences rédactionnelles pour élaborer les spécifications
Je l'ai vu des dizaines de fois sur le terrain : des réunions qui tournent à la joute verbale, des priorités contradictoires, des frustrations silencieuses entre le chef de projet IT et le Product Owner. Deux rôles essentiels, deux visions différentes, et trop souvent une incompréhension réciproque.
Pourtant, la réussite d'un projet hybride – entre agilité, cycle en V et ERP – repose précisément sur leur capacité à coopérer. C'est une danse complexe, parfois maladroite, mais indispensable à la survie des projets numériques modernes.
Je vous partage ma réflexion sur les 2 rôles de chef de projet IT ou Product Owner: ils ne s'aiment pas mais doivent collaborer
Le chef de projet IT vient de la culture du contrôle, de la planification, du pilotage budgétaire. Il pense jalons, livrables, risques, dépendances. Il incarne la rigueur, la prévisibilité, la maîtrise du périmètre. Le Product Owner, lui, s'inscrit dans une dynamique différente : il porte la vision du produit, arbitre les priorités métier, incarne la voix de l'utilisateur final. Il vit dans le changement, dans l'adaptation continue, dans le compromis entre valeur et faisabilité.
En tant que consultant en gestion de projet IT, j'ai souvent été placé entre ces deux mondes. L'un réclame des échéanciers précis, l'autre veut garder la liberté d'ajuster les fonctionnalités au fil des sprints. L'un craint les dérives de périmètre, l'autre redoute la rigidité des procédures. Et au milieu, l'équipe projet tente de survivre.
Prenons l'exemple d'un déploiement d'ERP. Sur un projet classique, le chef de projet ERP structure la démarche, sécurise le budget, formalise les engagements contractuels. Il est le garant du cadre. Le Product Owner, lui, arrive souvent dans un second temps, quand l'entreprise décide d'introduire des pratiques agiles pour mieux impliquer les utilisateurs finaux. Et là, les tensions apparaissent : les méthodes, les vocabulaires, les rythmes ne sont pas les mêmes. Le PO veut livrer vite, tester, corriger ; le chef de projet veut stabiliser, documenter, contrôler.
Je me souviens d'un projet autour d'un ERP connu, dans le secteur de la logistique. Le Product Owner avait décidé de modifier les règles de validation des commandes pour coller au terrain, en plein milieu de la phase d'intégration. Le chef de projet, furieux, voyait son planning exploser. Il avait raison sur un point : chaque ajustement dans un ERP a un coût. Mais le PO, lui aussi, avait raison : ignorer le retour des utilisateurs, c'était condamner le produit à l'échec.
Ces frictions viennent souvent d'un problème de légitimité. Le chef de projet IT se voit comme le pilote du navire, responsable devant la direction, garant de la réussite globale. Le Product Owner, lui, se vit comme le représentant du client interne, le gardien de la valeur métier. Chacun croit défendre la vérité du projet. Et si, au lieu de chercher qui a raison, on cherchait comment mieux collaborer ?
Il faut d'abord clarifier les rôles. Dans un projet ERP, par exemple, le PO ne peut pas tout décider seul. Certaines contraintes techniques ou réglementaires ne relèvent pas de son périmètre. De même, le chef de projet ne peut pas imposer une roadmap figée à une équipe agile. La clé, c'est l'alignement. On peut parfaitement piloter un projet en combinant rigueur et flexibilité, à condition que chacun connaisse les responsabilités de l'autre.
L'outillage joue aussi un rôle important. J'ai vu des équipes transformer leur collaboration simplement en adoptant une plateforme commune. Des solutions comme le logiciel Monday permettent de visualiser les dépendances, de suivre les livrables et de partager les priorités. Quand tout le monde travaille sur la même base d'information, la transparence réduit les tensions.
Dans certains projets logistiques, l'introduction d'outils TMS a eu un effet similaire : le chef de projet se concentrait sur les flux de données et les interfaces, pendant que le Product Owner s'occupait des scénarios métiers et de la validation utilisateur. Chacun trouvait sa place.
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Shadow IT, quand les métiers deviennent leurs propres DSI (Posté le jeudi 16 octobre 2025):
Depuis quelques années, un phénomène discret mais massif bouleverse les organisations, appelé le Shadow IT. Derrière ce terme, on retrouve l'ensemble des outils, applications et services numériques déployés par les métiers sans validation préalable de la DSI. Le Shadow IT c'est un outil collaboratif adopté sans concertation, une solution SaaS installée pour gérer un reporting ou un abonnement cloud pris “temporairement” pour tester une idée...
Mais soyons honnêtes : la cohabitation reste difficile. Le chef de projet vit dans le “comment” ; le Product Owner dans le “pourquoi”. Le premier veut livrer dans les temps, le second veut livrer ce qui a du sens. Entre eux, la communication est souvent biaisée : l'un parle Gantt et risques, l'autre parle backlog et user stories. La solution ? Se parler, vraiment. Partager les contraintes, expliquer les décisions, et surtout, écouter. Trop souvent, chacun reste enfermé dans son rôle.
Je repense à une anecdote sur un projet mené avec un ERP expert. Le PO voulait ajouter un module de reporting dynamique, sans mesurer la complexité d'intégration. Le chef de projet refusait net, au nom du planning. Finalement, en atelier conjoint, on a trouvé un compromis : un tableau de bord simplifié pour le lancement, et une version enrichie dans la prochaine release. Le secret, c'était de redéfinir ensemble la valeur livrable, pas de s'affronter sur la méthode.
Aujourd'hui, les organisations IT évoluent vers des structures orientées produit. Le modèle de la Digital Factory ou de la feature team impose une collaboration quotidienne entre PO et chef de projet. Le second n'est plus seulement un gardien du temps et du budget, il devient un facilitateur. Et le PO, de son côté, apprend à composer avec les contraintes du réel : architecture, sécurité, conformité.
Les formations et parcours de carrière doivent aussi évoluer. Trop souvent, les Product Owners viennent du métier sans formation technique, et les chefs de projet issus du monde IT manquent de sens produit. Il faut des passerelles, des doubles compétences. Dans mon expérience, les binômes les plus efficaces sont ceux où chacun comprend au moins un peu le métier de l'autre.
Les projets hybrides – qu'ils touchent à un ERP, à des outils collaboratifs ou à des plateformes SaaS – exigent cette maturité collective. On ne peut plus séparer le monde du “produit” et celui du “projet”. Un bon chef de projet ERP doit savoir parler backlog et user stories ; un bon PO doit comprendre les contraintes de déploiement, de maintenance et de support.
Au fond, ces deux rôles ne sont pas ennemis. Ils représentent les deux forces complémentaires d'un même moteur : la valeur et la maîtrise. Sans Product Owner, un projet IT devient vite une usine à livrables sans âme. Sans chef de projet, il se transforme en expérimentation infinie. L'équilibre entre les deux, c'est ce qui fait la différence entre une livraison fonctionnelle et une réussite durable.
Et si, plutôt que de chercher à départager, on apprenait enfin à travailler ensemble ? Après tout, que l'on parle d'un ERP connu ou d'une plateforme SaaS, l'objectif reste le même : livrer un produit qui répond vraiment aux besoins tout en respectant les engagements. La coopération entre chef de projet et Product Owner n'est pas un luxe méthodologique, c'est une condition de survie pour les projets modernes.
Outre l'email / téléphone, les visioconférences sur Google Meet sont une moyen privilégié de me contacter. La simplicité d'utilisation de cet outil en fait un choix évident, n'imposant aucune installation. Renseignez mon adresse email pour une invitation via Google Agenda.
Pays de Provence, le 10 octobre 2025
Michel Campillo
Consultant chef de projet IT
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⛅ L'automne est arrivé, un temps propice au travail non? ☂️
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