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Une génération sacrifiée

✎ Une génération sacrifiéeDevant le congrès de l'Association française de sociologie, Camille Peugny a fait une intervention très intéressante sur le sacrifice d'une génération, celle des trentenaires d'aujourd'hui. Il part du constat que des centaines de milliers de trentenaires ne connaissent pas la même réussite professionnelle que leurs parents : c'est ce qu'on appelle la mobilité sociale descendante. Un trentenaire sur cinq est aujourd'hui dans cette situation, alors qu'en 1983 la proportion n'était que d'un sur neuf pour la génération née dans l'immédiat après-guerre.

L'explication est à chercher dans l'évolution du marché du travail. La génération du baby-boom est entrée sur un marché du travail en pleine transformation : très forte croissance du tertiaire, glissement vers le haut des qualifications et plein-emploi ont permis à des centaines de milliers d'enfants de paysans et d'ouvriers d'accèder à de meilleurs positions sociales. Vingt ans plus tard, la situation n'est plus la même...

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Le fait que les trentenaires d'aujourd'hui soient largement diplômés ne change rien à l'affaire. Lorsque le système productif avait d'énormes besoins de main d'oeuvre, tout le monde avait sa place. Aujourd'hui qu'il n'y a 'plus' de tels besoins (le tertiaire ne parvient plus à compenser le recul de l'emploi industriel), qu'on soit qualifié et diplômé ou pas ne change rien à la situation. On assiste de toute façon à une dévalorisation des titres scolaires.

La génération des trentenaires a été élevée dans un certain confort matériel, avec l'idée que le progrès technologique et la croissance économique apporteraient bien-être et promotion sociale, comme l'avaient connus leurs parents. Un véritable fossé apparait donc entre les aspirations de cette génération, et la réalité qu'elle vit. La trajectoire sociale descendante est donc vécue souvent tragiquement, d'autant que la société valorise le succès et la réussite et stigmatise silencieusement l'échec. Le grand sociologue américain Robert K. Merton (voir la photo) faisait déjà ce constat dans l'Amérique des années 30.

C'est sans doute ce qui explique que cette génération soit partagée entre un individualisme exacerbé (on ne peut s'en sortir que par soi-même) et un sentiment de révolte contre le système économique lié à l'absence de promotion et à l'enfermement dans des tâches d'exécution. Une frustration envers les insiders (notamment ceux dont l'emploi est protégé comme les agents de la fonction publique) et en même temps une envie de sauvegarder ce qui peut l'être en matière d'acquis sociaux. Cette ambivalence idéologique explique sans doute le décalage entre cette génération et le monde politique.

Grenoble, le 7 mars 2004

Et vous, qu'en pensez-vous ? Cet article a plus de quinze ans. N'hésitez pas à me donner vos avis! A l'époque il avait été repris sur les forums et largement discuté:

✎ Une génération sacrifiée
Camille a laissé un commentaire le 21 Jun 2005:
Effectivement, mon analyse vaut pour les générations nées à partir de la fin des années cinquante. Ceux qui sont âgés aujourd\'hui de 45 ans ne sont pas mieux lotis
stef a laissé un commentaire le 21 Jun 2005:
vous faites une grave erreur: la generation sacrifiee n\'est pas celle des trentenaires en 2000, mais celle des 40-50: ils ont tout subi : la fin des 30 glorieuses, les 30 piteuses, la montee du chomage, la non-adaptation de la societe aux nouvelles donnes, la crise perpetuelle.
Camille a laissé un commentaire le 17 Jun 2005:
Bonjour, je suis l\'auteur de l\'analyse qui est rapportée ici. Mon travail de thèse est toujours en cours sur ce sujet, et je recherche toujours de nouveaux témoignages... Si vous êtes désireux de raconter votre expérience et votre vécu, alors n\'hésitez pas à me contacter : peugny@ensae.fr
Guillaume (trentenaire) a laissé un commentaire le 16 Jun 2005:
Constat absolument exact de notre situation professionnelle et sociale. Si la seule défense des baby-boomers consiste à rappeler que leurs parents ont connu la guerre, c\'est consternant...
Louis la Voyelle a laissé un commentaire le 09 Jun 2005:
A qui la faute? Aux trentenaires ou a leur parents? Après tant d\'années d\'idéalisme des classes d\'age qui nous ont précédé. A qui la faute?
alphonse G a laissé un commentaire le 06 Jun 2005:
Parler de génération sacrifiée pour décrire les trentenaires actuels ... Quid de la génération 14-18, 39-45, Algérie, Vietnam ... La jeunesse actuelle ne se rend pas compte de sa chance et les analystes en rajoute constamment sur ses pseudo-malheurs...
SB a laissé un commentaire le 16 May 2005:
Bonjour,
journaliste pour l\'hebdomadaire La Vie, je cherche des témoignages de trentenaires. L\'idée est de voir un peu quelle est la place de cette génération dans notre société, elle dont on a souvent dit qu\'elle vit dans l\'ombre de ses parents soixante-huitards.
Si vous êtes prêts à témoigner, vous pouvez m\'envoyer un mail à : soblit@hotmail.com, avant d\'en discuter par tél ou en direct.
Merci. S.B.
2 30naires (ingenieurs) a laissé un commentaire le 06 May 2005:
nous nous reconnaissons parfaitement dans cette decription, et surtout dans l\'abime des tâches d\'executions
un économiste a laissé un commentaire le 20 Nov 2004:
Merci pour votre commentaire, Jean. Mais je me garderais bien de faire des généralisations à partir de simples données statistiques. Courage !
Jean M a laissé un commentaire le 16 Nov 2004:
Quelle clairvoyance, pour une fois!
On a beau être diplomé et pratiquer la formation continue, l\'horizon semble bien bas!
Bof, plus que 40 ans à tirer avant le décès!
Sacrifiée.. et bien décidée à ne pas le rester a laissé un commentaire le 19 May 2004:
\"la société valorise le succès et la réussite\" :Qu\'est-ce que le succès, qu\'est-ce que la réussite ? Grande question philosophique ... Quelle est la finalité des choses ? (Commentaire désabusé)

Tout cela ne nous rajeunit pas...

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